L’allaitement et la prise de médicaments

Pendant la grossesse, la liste des médicaments autorisés est réduite. Soulager une rage de dents devient un véritable défi et continuer un traitement contre l’épilepsie ou l’hypertension est souvent difficile. Mais qu’en est-il des restrictions pendant l’allaitement ?

Prendre un médicament n’est jamais un acte anodin. Lors de la grossesse, mais aussi pendant l’allaitement, il est indispensable de prendre conseil auprès d’un médecin ou d’un pharmacien et de lire attentivement la notice. Cette dernière peut indiquer clairement une contre-indication liée à l’allaitement et enjoint quoiqu’il arrive les patientes à consulter leur médecin. Mais la problématique va bien au-delà de la simple question d’un risque éventuel pour le bébé. Il faut alors mettre en regard ces deux réalités : le risque encouru par l’enfant et les bienfaits de l’allaitement et donc des conséquences de son arrêt anticipé.

Quels risques réels pour l’enfant ?

Ce fait est établi : oui, le médicament ingéré par la maman se retrouvera dans son lait. Mais il faut néanmoins relativiser, la proportion de médicaments effectivement présente dans le lait maternel est infime, en comparaison à la dose ingérée par la maman. La dose reçue par le bébé est donc généralement trop faible pour avoir des conséquences réelles et sérieuses sur lui. Il faut néanmoins rester vigilent et se renseigner sur les effets tératogènes de certaines molécules. Le site du CRAT (centre de référence sur les agents tératogènes) est alors un allié précieux. Il suffit d’entrer le nom du médicament ou de la molécule pour obtenir des informations précises et fiables sur les risques encourus par une femme enceinte ou le bébé allaité. Pour de nombreux médicaments, la proportion de médicament retrouvé dans le lait maternel est très faible (de l’ordre de moins d’1%).

Il faut également faire la part des choses entre une jeune maman qui aura un besoin ponctuel, par exemple à la suite d’une bronchite ou d’une grippe, et celle qui suit un traitement au long cours comme ça peut être le cas pour les femmes épileptiques ou traitées pour dépression ou bien souffrant de diabète ou d’hypertension. Il conviendra alors de se rapprocher d’un médecin pour évaluer le risque pour l’enfant à naître puis ensuite pendant l’allaitement. Mais les médicaments réellement contre-indiqués pendant l’allaitement son extrêmement rares et il sera en général toujours possible de trouver un médicament alternatif. La seule véritable inquiétude concerne les psychotropes avec lesquels il est impératif que la femme allaitante soit suivie de manière très rigoureuse, tout comme l’enfant dont il conviendra d’évaluer la dose de principe actif dans l’organisme.

Une grande partie des médicaments sont en réalité compatibles avec l’allaitement. C’est le cas notamment des molécules prescrites également aux nourrissons mais aussi pour la plupart des médicaments compatibles avec la grossesse. Les médicaments cutanés et inhalés mais aussi ceux utilisés par voie nasale ou oculaire sont également généralement sans risque.  Il faut néanmoins rester vigilant et toujours observer la posologie.

Arrêter ou suspendre l’allaitement n’est pas anodin

Nous l’avons vu, les médicaments réellement contre-indiqués avec l’allaitement sont rares. Pourtant, il est encore fréquent pour les femmes allaitantes de s’entendre dire par leur médecin qu’elles doivent arrêter ou suspendre leur allaitement le temps du traitement. Mais une suspension temporaire de l’allaitement n’est pas sans conséquence et signifie bien souvent un sevrage prématuré. Quel bénéfice pour l’enfant ? Un sevrage brutal, non désiré, est souvent traumatisant pour tout le monde. Certains bébés refusent le biberon et n’ont jamais bu autre chose que du lait maternel. La transition est souvent délicate et douloureuse. Douloureuse également sur le plan physique pour la maman qui fait souvent face à des engorgements.

Quelques conseils pratiques

  •  La femme allaitante devra éviter à tout prix d’avoir recours à l’automédication. Si elle observe un traitement au long cours, la question devra être abordée avec le personnel soignant dès le début de la grossesse.
  • Privilégier les médicaments dont l’AMM (autorisation de mise sur le marché) est ancienne et ceux également prescrits en pédiatrie
  • Prendre les médicaments après la tétée
  • Si la jeune maman a des réserves de lait maternel et que bébé est habitué au biberon, cela peut être une alternative temporaire. Elle devra néanmoins continuer à tirer son lait pour maintenir sa lactation