L’Organisation Mondiale de la Santé recommande un allaitement exclusif jusqu’aux six mois de l’enfant. Si les bienfaits de l’allaitement ne sont plus à prouver, il n’est pas évident pour la jeune maman de pouvoir allaiter son enfant au-delà de ce cap des six mois. Entre reprise du travail, la fatigue et le manque de soutien de l’entourage… les raisons sont nombreuses pour arrêter. Plus ou moins bien perçu dans notre pays, un allaitement d’un ou deux ans, voire plus, est courant dans les pays comme le Danemark ou la Norvège. Débarrassons-nous des clichés et arrêtons-nous quelques instants pour dresser l’inventaire des bénéfices d’un allaitement plus long pour bébé mais aussi pour maman.
Pour le bébé
Le lait maternel transmet les anticorps de la mère et certaines protéines qui protègent l’enfant des infections et ont un effet protecteur concernant la digestion et tout ce qui touche à la sphère ORL. Après six mois, le lait maternel ne suffit plus pour combler les besoins nutritifs de l’enfant. Il faut donc commencer une alimentation diversifiée. Cependant, maintenir quelques tétés pour le bébé permet d’entretenir le lien affectif indispensable pour la construction de son rapport aux autres.
Un allaitement prolongé aurait également un effet au niveau des allergies. En 2005, des chercheurs ont étudié dans deux quartiers pauvres de la ville du Cap le nombre d’enfants victimes d’allergies respiratoires comme le rhume des foins. Les enfants allaités entre six et douze mois avaient 29% de moins de risques d’être touchés par rapport aux enfants ayant connu un allaitement inférieur à 6 mois.
Pour la maman
Une nouvelle étude parue en juin 2017 dans le Journal de l’American Heart Association démontre que les femmes qui allaitent présentent un risque inférieur de 10% d’avoir un infarctus ou de développer des troubles cardiaques. Et plus l’allaitement se prolonge, plus l’effet protecteur serait important.
Rappelons qu’allaiter au-delà de six mois permettrait aussi d’augmenter le taux de survie après un cancer du sein. Une étude suédoise et norvégienne de 2016 s’est basée sur le cas de 629 femmes ayant subi une intervention chirurgicale entre 1988 et 1992 et ont étudié 20 ans plus tard le lien entre allaitement, cancer du sein et taux de survie à ce cancer. Cela vient confirmer les conclusions parues dans la revue The Lancet de janvier 2016 à propos de la relation entre allaitement et prévention du cancer du sein et des ovaires. En effet, l’allaitement permettrait une baisse de 60% des risques de cancer de l’ovaire à condition qu’il soit d’au moins 10 mois dans la vie de la maman. La cause serait le retardement de l’ovulation pour les femmes qui donnent le sein (la création de cellules « mutantes » provoquant un cancer serait proportionnelle au nombre d’ovulation). Et l’allaitement prolongé serait également bon contre la prévention de diabète de type 2 (15% de mois, cf étude « Duration of lactation and incidence of type 2 diabetes » dans JAMA, 2005) et contre l’ostéoporose.