Crevasse, mastite, engorgement : combattre les petits maux de l’allaitement

La majorité des femmes se posent la même question : « L’allaitement fait-il mal ? » La réponse est sans équivoque : non ! Pourtant, surtout dans les premiers temps, des problèmes peuvent survenir et provoquer des douleurs. Souvent mal accompagnées et peu conseillées, les femmes sont alors démunies face à ces petits maux qui les découragent et mettent en péril leur allaitement. Mastite, engorgement ou  encore crevasse, voici nos conseils pour prévenir et soulager ces désagréments.

Pendant longtemps, les jeunes mamans ont entendu le même discours : peau trop fine ou mal préparée, mamelon pas encore « fait », il leur fallait simplement attendre et serrer les dents. Mais ces douleurs ne sont pas une fatalité et elles résultent bien souvent tout simplement d’une mauvaise position lors de la mise au sein. C’est donc de ce côté-là qu’il faut regarder en priorité lorsque des douleurs apparaissent.

La crevasse :

Problème de succion du bébé ou mauvaise position (voire les deux !) sont les deux causes principales des crevasses. Si bébé ne prend pas le sein correctement, le bout de sein n’est pas au milieu de la bouche et va alors frotter contre le palais. Extrêmement douloureuse, la crevasse s’apparente à une gerçure positionnée directement sur le mamelon et elle peut même saigner. La crevasse n’est pas un motif d’arrêt de l’allaitement mais un aléa fréquent qu’il faut soulager le plus rapidement possible. La crème à la lanoline est votre meilleur allié ! Elle va former un film émollient et protecteur qui va apaiser immédiatement la douleur entre chaque tétée et est bien sûr sans danger pour bébé. N’hésitez pas à solliciter votre sage-femme ou une consultante en lactation pour qu’elle vienne observer une tétée. Il est souvent difficile de se rendre compte par soi-même de ce qui ne va pas et un œil extérieur avisé est alors nécessaire pour sortir de l’impasse et rectifier la position. Veillez à ce que le ventre de votre bébé soit contre le vôtre et que l’oreille, l’épaule et la hanche soient sur une ligne droite. Le bébé doit ouvrir grand la bouche et se saisir du mamelon en dépassant largement sur l’aréole comme une ventouse, le menton contre le sein.

Si en dépit d’une bonne position la douleur est toujours présente il est probable qu’elle résulte d’un problème localisé dans la bouche de votre bébé. Regardez l’intérieur de ses joues et sa langue, si vous observez de petites taches blanches, il est fort probable que ce soit du « muguet ». Sous ce nom floral et printanier se cache en réalité une affection fréquente chez le nouveau-né : la candidose. Cette infection se soigne très bien avec des médicaments antifongiques administrés à la mère et au bébé.

L’engorgement :

Dans les premiers temps de l’allaitement, les seins produisent plus de lait que bébé n’est capable d’en absorber. Rappelez-vous que son estomac fait la taille d’une noisette ! Il faut néanmoins faire la part des choses entre une montée de lait douloureuse et un engorgement réel. Les seins sont douloureux, tendus, chauds et la jeune maman peut même développer de la fièvre. L’inflammation des seins va comprimer les canaux et empêcher l’écoulement du lait. Il est alors important de mettre bébé au sein aussi souvent que possible, dès qu’il le réclame. Il faut également laisser bébé « finir » un sein avant de lui proposer l’autre. En effet, les tétées fréquentes mais de courte durée vont stimuler la lactation mais sans drainer suffisamment le sein. Pour vous soulager et diminuer l’inflammation vous pouvez également appliquer une serviette chaude sur la poitrine avant la tétée afin de favoriser la circulation sanguine. Veillez également à éviter de porter des coques d’allaitement et choisissez une lingerie adaptée.

La mastite :

Egalement appelée lymphangite la mastite peut être infectieuse ou inflammatoire. Elle se caractérise par la présence d’une zone chaude et douloureuse au niveau du sein et s’accompagne d’un état grippal avec fièvre et courbatures. La jeune maman peut alors penser à un simple engorgement mais la stagnation du lait obstrue le canal et peut créer une inflammation sérieuse. Il faut garder à l’esprit que la mastite ne présente pas de risque pour le nourrisson, le lait n’est pas infecté et l’allaitement doit se poursuivre autant que possible pour désengorger les seins. Cela peut sembler étonnant mais la mastite n’est pas l’apanage des jeunes mamans allaitantes. Toutes les femmes mais également les bébés, fille ou garçon, peuvent être touchés. Dans les cas les plus extrêmes de mastite infectieuse on observe parfois la survenue d’un abcès qui nécessite une analyse du lait dans lequel on peut retrouver du pue. En cas de doute, il est indispensable de consulter un médecin. Repos complet, tétés fréquentes et prise d’un anti-inflammatoire suffisent en général à traiter la mastite. Si les signes persistent ou s’aggravent le médecin prescrit des antibiotiques compatibles avec l’allaitement pendant une dizaine de jours.